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Cas d’étude: Chien agressif/réactif avec ses congénères

C’est l’histoire de chouchou, berger allemand, 2 ans, qui grogne dès qu’il voit un congénère lors de ses promenades.

OBSERVATIONS

  • Chouchou se promène une heure par jour avec une laisse d’un mètre et un collier plat pour sortir.  il n’est jamais lâché.
  • Son propriétaire est persuadé qu’il défoncerait n’importe quel chien si on lui laissait l’opportunité de s’exprimer en allant à la rencontre d’autres chiens.
  •  Pour anticiper une éventuelle réaction, il donne des à-coups sur la laisse dès la vision d’un chien dans le périmètre en répétant sur un ton autoritaire:  “pas toucher, pas toucher, pas toucher”!
  •  chouchou se tend, et se met à grogner à une certaine distance, voir cherche à s’élancer au bout de sa laisse.
    Si un chien se retrouve à son niveau, il se gonfle et se jette en avant pour le repousser.
  • En réalité, il n’a jamais attaqué un autre chien puisqu’il n’a jamais eu l’opportunité de s’exprimer avec les autres de manière autonome. On ne sait donc pas vraiment où il se situe par rapport à son contact avec les autres chiens lorsqu’il n’est pas sous contrôle de son propriétaire. Il se comporte comme ça depuis à peu près ses 1an.
  • Au delà de ça, il n’est pas très à l’aise dans un environnement dont les odeurs lui indique la présence fréquente d’humains, de chiens très différents et des bruits de vie un peu plus urbaine car il est vigilant à chaque bruit et aborde une certaine tension physique.

EXPLICATIONS

La liberté de mouvement comme nécessité.

Chouchou a besoin de retrouver un peu de liberté de mouvement pour se détendre. Bien qu’il sorte 1h par jour, sa sortie ressemble plus à une expo de marche au pied qu’à une promenade de détente. Il a toujours l’obligation d’être au pied de son propriétaire et n’a pas vraiment l’opportunité de prendre son temps, de renifler les odeurs, ni d’explorer son environnement. La laisse est bien trop courte et toujours en tension. Comme il n’est jamais en liberté, son champ d’action est très très limité.
Il passe le plus clair de son temps à se promener au milieu des vignes, il manque donc cruellement de familiarisation à un environnement plus stimulant. Ce qui fait qu’il est relativement vigilant et donc mal à l’aise.
Les congénères ne sont donc pas LE problème unique, mais seulement le dernier maillon d’une chaine de situations qu’il n’arrive pas à gérer.
Si je ne suis déjà pas à l’aise en extérieur et que je ne comprends ni les bruits, ni le mouvement, je ne risque pas d’accueillir avec sympathie les choses qui s’amènent à moi.

Le changement d’attitude comme support de transmission.

Comme il se fait engueuler dès qu’il dépasse la jambe d’un millimètre et dès qu’il réagit face aux chiens, cela ne l’aide en rien à lui transmettre une vision de promenade détendue.
Il ne sait pas ce qu’est une interaction sereine et sympathique avec ses congénères. Ce qui augmente donc forcément son niveau de stress et il se sent en insécurité dès qu’il en croise un dans son champs de vision. Il a donc besoin d’apprendre à gérer une situation stressante.
L’attitude du propriétaire et l’information qu’il reçoit non rien de rassurantes.
Elles transmettent colère, frustration et agressivité.
Pourquoi donc devrait-il réagir autrement?

Le rôle du propriétaire devra donc plutôt être de devenir un pilier de soutien,  une boussole pour le guider dans ses inquiétudes avec l’objectif de le rendre autonome dans ses actions au fur et à mesure.

Ses signes de stress, sa communication comme moyen d’observation.

Ses signes de stress et ce que sa communication indique de ses émotions vont devoir être comprise pour déterminer ce qu’on appelle une zone de confort.
Cette compréhension permet de savoir lorsque l’on est en zone:
Verte: Celle où le chien est à l’aise, détendue et se sent bien. Il est autonome dans ses actions, communique volontiers  et où aucun signe de stress ne se manifeste. C’est cool quoi! Une zone de détente.
Orange: Là, on rentre dans l’attitude de gène, d’inquiétude. Le stress est présent, mais pas intense. Il est encore en mesure d’être conscient de ses actions. C’est là qu’il peut par exemple s’éloigner de quelque chose qui ne lui convient pas, pour revenir dans une zone un peu plus verdoyante et faire redescendre son stress.
Rouge: Là, on a dépassé l’inquiétude. On est en mode WARNING!!! Le cerveau primitif (lié à la survie) prend le relai, ça urge, c’est dangereux, on va mourir. Il faut réagir.
Et PAF, Réaction! Pas le temps de réfléchir.

Sauf que souvent, c’est ça qu’on punit. Mais quand on punit, on peu au mieux couper le circuit, mais en aucun cas, faire un apprentissage sur le long terme. C’est ce qu’on appelle la résignation.
Le corps n’a plus de réaction, mais le cerveau continue de crier WARNING et ne diminue pas le niveau de stress présent. Au mieux, cela fera un chien résigné.. au pire… une énorme bombe à retardement.

Et en l’état actuelle des choses, La zone verte de chouchou est quasi inexistante.

CONCLUSION

Le changement de laisse pour une longe à fait passer son degré de réactivité de 4/5 à 2/5 lorsqu’il voit un chien à distance. Il a enfin l’opportunité d’explorer, ce qui détourne son attention et le rend beaucoup, mais alors beaucoup moins vigilant.

Le changement d’attitude en bout de longe rend Chouchou beaucoup moins inquiet et beaucoup plus à même de gérer tout seul certaines situations. Il n’est pas en mesure pour l’instant d’aller aux contacts avec d’autres chiens trop fréquemment, mais les déplacements et la distance observée entre lui et les autres chiens qui se promènent lui permet de prendre le temps d’observer ce qui se passe et de faire considérablement diminuer son niveau de stress avant une potentielle rencontre.
Son propriétaire va devoir prendre le relai lorsqu’il n’est pas en mesure de gérer certaines situations en choisissant les rencontres à faire et en lui apprenant à laisser les autres.

Chouchou a-t’il besoin de se confronter à beaucoup de chiens en même temps pour apprendre à être sociable?
Pas franchement… En tout cas, pas de suite, et peut-être jamais!
Si chouchou ne se sent pas de faire copain-copain avec les chiens et n’en a pas envie,  il doit avoir le choix, il n’y est pas obligé.

En revanche,  pour considérer qu’il n’y a pas de souffrance, ni de danger, il va falloir lui apprendre à tolérer ce qui vient à lui et à exprimer son refus sans avoir de comportement disproportionné à la situation.  Disons, un minimum de « savoir-vivre ».
Il doit apprendre qu’il a l’opportunité de faire des choix et de s’éloigner d’une situation qui ne lui convient pas plutôt que d’avoir le réflexe de repousser l’autre, une fois qu’il est « trop tard ».

En ayant cette opportunité d’observation et de réflexion, il aura une meilleure appréhension des congénères qui se trouvent dans son environnement et il pouvoir « UPGRADER » son expérience et avoir l’opportunité de savoir s’il veut aller plus loin ou non dans les interactions qu’il a avec les autres.
Mais pas pour l’instant.

Il va donc devoir garder ses distances. Son propriétaire va devoir ajuster son comportement en fonction des signes de stress qu’il perçoit pour le mettre le moins possible dans des situations inextricables qui le pousse à avoir ces réactions.

Mais déjà, en premier lieu, il va devoir s’atteler à faire en sorte que son chien se sente à l’aise en extérieur, en rendant ses balades plus sympa et l’habituer petit à petit à un environnement plus urbain plutôt que de le plonger dedans tous les 36 du mois et de ne vouloir s’occuper que de ses réactions avec les chiens.

Pour aller plus loin sur la compréhension des chiens reactifs: www.chienreactif.fr

 

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