bien-être, côté humain, comportement

« C’est l’histoire d’un mec » (ou d’une fille) qui voulait trop bien faire avec son chien.

Parce que « le mieux est l’ennemi du bien » comme disait Voltaire, je vais vous raconter l’histoire de ceux qui, en voulant trop bien faire, génèrent parfois des problèmes chez leur chien dont ils ne voulaient surtout pas.

Et aujourd’hui, l’histoire que je voulais vous partager, c’est la mienne !

D’aussi longtemps que je m’en souvienne, j’ai toujours voulu un berger allemand.
Ne me demandez pas pourquoi… Pour sa polyvalence, son intelligence, sa prestance physique, ce qu’il représente dans l’imaginaire collectif peut être.
Bref, tout un tas de raisons complètement subjectives qui n’appartiennent qu’à moi.
Chacun ayant un coup de cœur pour un profil de chien en fonction de son tempérament ou de pleins d’autres raisons 🙂

J’avais 20ans, et je suis partie à la recherche de mon premier chien. (en 2008)
Je ne savais pas trop ce que je faisais à l’époque, ni comment vraiment choisir son chien mais je savais que j’avais l’environnement qui lui fallait et le temps nécessaire à lui consacrer. Même si je pense avec le recul que vu mon état émotionnel du moment, ce n’était clairement pas le bon moment pour élever un chiot, cette petite éponge à émotions. Mais bref, ça c’est une autre histoire..
J’ai épluché tous les articles, les forums, livres et autres sources d’informations de l’époque, bien longtemps avant de choisir là où j’irais la chercher.

J’ai choisi un petit élevage pas si loin de chez moi avec des chiens très sympa, un bon environnement et des éleveurs attentionnés. Pas de socialisation ou de manipulation à outrance, mais un juste milieu qui rendait les chiots bien sympa. J’ai fait confiance à l’éleveur en lui expliquant ce que je voulais.. « Un chien pas trop speed, bien dans sa tête ». Et c’est ce qu’il m’a proposé. C’est comme ça qu’est arrivé Durga [dourga].

Arrivée à la maison, j’avais fait tout ce que je pensais être bien. Tout le matériel était déjà là, en double, en triple, en quadruple même, « au cas où » ^^
Des jouets qui n’ont servi à rien à part à me faire plaisir… des croquettes que je croyais être de qualité mais qui l’ont rendu malade parce que bourré de céréales, des laisses qui se sont avérées être beaucoup trop courtes pour le confort de balade d’un chien, des paniers qui n’ont pas duré plus de 5minutes sous les dents d’un chiot etc, etc…
J’étais prête à lui apprendre plein de choses, et j’avais hâte de pouvoir créer une relation exceptionnelle avec cette chienne.

Après lui avoir laissé le temps de découvrir la maison et de prendre le temps de s’acclimater, on a démarré tranquillement l’éducation à la maison. Tutoriel vidéo en méthode cool avec des petites friandises, c’était ludique autant pour moi que pour elle, on sortait pour lui montrer un peu la vie dehors mais de manière relativement cool, elle avait des copains chiens, elle avait droit au lit, au canapé, et tout se passait HYPER bien. Sauf que…

c’est là qu’on commencé les problèmes..
« Attention, il faut la socialiser, sinon elle va devenir agressive »
« faut la mettre avec des chiens », « pleins de chiens », pleins pleins de chiens »,
– « faut l’amener au marché pour qu’elle voit du monde »
– « la socialisation, après 3 mois c’est fini »
– « si tu l’exposes pas +++ maintenant, après c’est foutu »

Les conseils sont sortis de partout et nulle part venant de personnes qui étaient probablement persuadés de bien faire mais qui ont transféré leurs propres craintes et leurs propres perceptions de la relation au chien dans ma tête de jeune personne avec peu de confiance en moi et peu de connaissances à l’époque.. et je me suis mise à douter du bien fondée de ce que je faisais. Ces inquiétudes sont devenues les miennes… Seulement…. Que de conseils à la con ! Mais j’ai eu le malheur de les suivre.

La socialisation, bien sur que c’est important, mais je le répète aujourd’hui à qui veut l’entendre, trop et trop vite, ça peut être extrêmement brutal et néfaste!
Et vouloir qu’un chiot s’excite ou s’énerve (certains appelle ça du jeu ?!) avec pleins d’autres chiens sans faire attention à ce qui les entoure ou le propulser au milieu de la foule alors qu’il arrive du fin de fond de sa campagne chez son éleveur, c’est tout sauf une bonne idée. Aujourd’hui, mes maitres mots: Tempérance et progressivité!!
La progression doit tenir compte du vécu du chiot avant d’arriver, de son tempérament et de l’environnement dans lequel il est amené à évoluer. Il vaut mieux des expériences de qualité, que de la quantité mal encadrée.
Mais bon, c’était pour son bien il paraît…

Alors d’un chiot super bien partie dans la vie, je me suis retrouvé avec une ado qui ne pensait qu’a tirer pour aller voir tous les chiens de la galaxie, et n’avait aucun rappel, quitte à se mettre en danger parce que j’avais voulu faire « bien » et l’exposer à beaucoup mais alors beaucoup trop de chiens / choses et pas de la bonne manière.

Pas grave me direz vous… normal diront certains… mais comme pour beaucoup de propriétaires de chiens, c’est hyper chiant.
Et c’est là qu’on commence à avoir cette réflexion magnifique: « mon chien est TROP sociable ».
(heureusement pour moi, le « problème » était minime. Certains se retrouvent avec des chiens en état de panique, voir faisant preuve d’agressivité parce que trop exposé et devenu anxieux)

Outre le fait qu’être trop sociable n’existe pas, et qu’il vaut mieux être trop que pas assez… On avait oublié de m’expliquer que la mettre en contact avec des congénères c’est une bonne idée, mais pas tout le temps et pas n’importe comment surtout. Il faut savoir les sélectionner pour apporter de bonnes expériences. Et c’est valable pour le reste de son environnement.

Alors, j’ai voulu « améliorer » un peu la situation, en lui apprenant à promener sans tirer sur sa laisse, (mais vu que le problème ne venait pas de là, c’était un peu hors sujet) et comme je n’avais pas franchement idée à l’époque de comment on apprenait ça, je me suis tourné là où j’étais sur de trouver des chiens et des conseils… je suis aller vers… un club canin du coin!
Et alors, ça, c’était vraiment pas l’idée du siècle!

(Attention, je tiens toutefois à préciser que ceci n’est pas un message anti club canin, il y en a des très chouette, qui sont très bienveillants avec les chiens et où ça se passe très bien… Il ne s’agit pas d’un message pro VS club bénévoles. Juste que c’est mon histoire, et que en l’occurrence.. ce club là ne l’était pas!)

Et là, 2eme salve de conseils alarmistes infondés, arrivés de nulle part qui rentre dans ma tête:
« oula, elle vous domine là, il faut pas vous laisser faire »
« droit au canapé, mais vous vous rendez compte qu’elle peut devenir dangereuse si vous lui montrez pas qui est le chef »
« c’est un berger allemand madame, il faut être ferme »
« elle a 1an, il faut lui montrer où est sa place »
– « Ce n’est pas elle qui décide, elle n’a pas à aller voir les autres, il faut la punir ».. etc, etc…

Éducation archaïque et vision du chien en totale opposition avec ce que j’imaginais vivre avec ma chienne, je reste influençable parce que je pense avoir à faire à des personnes expérimentées et je me vois obligée de troquer son collier plat contre un collier à pointes … il parait que ça lui fait pas mal, mais ça montre qui est le chef, mais c’est pour son bien… il parait?! (BULLSHIT !!)

Je me retrouve tout d’un coup à vivre avec l’idée d’un potentiel ennemi dont il faut mater la rébellion alors qu’à l’origine il s’agissait d’une petite erreur de casting de socialisation.

Tout d’un coup, la relation super chouette entre ma chienne et moi va commencer à vriller. Dans ce lieu, l’accès aux chiens est strictement interdit. Ils n’ont pas le droit de se rencontrer, ni de se renifler et encore moins de se regarder… Et je suis obligé de mettre des coups de colliers et de hausser le ton pour lui en interdire de s’en approcher, et si je ne le fais pas, quelqu’un s’en charge pour moi.
Et là, je ne comprends pas, ma chienne ne comprend pas… Elle est effrayée et je ne comprend pas en quoi cela va lui apprendre à savoir mieux se présenter aux autres chiens. Comment pourrait-elle apprendre avec eux, si elle n’a pas la possibilité d’interagir avec ou ne serait-ce que d’avoir le droit de respirer?!

Cependant les explications alarmistes sur le danger potentiel auront raison de la confiance que je porte en mon jugement. Alors je fais moins d’une 10aine de séances en exigeant mon collier plat, mais je continue à la faire tourner en rond sur un terrain, à la faire slalomer à 50cm des autres chiens avec l’interdiction de broncher, avant de m’en aller parce que la situation commence à m’échapper. (pauvre de nous… pardon pour ce que j’ai fait! Petite pensée pour tous ces chiens qui tournent en rond dans des clubs toutes les semaines depuis parfois plusieurs années)

Non content de n’avoir eu aucun impact sur sa marche en laisse, ma chienne devient agressive avec ses congénères, en se jetant en bout de laisse en aboyant et en grognant après tous les chiens qu’elle croise après ça!

Pour moins de 10 séances effectuées, il me faudra plusieurs années pour effacer l’impact et le traumatisme que ça a créé.
J’ai passé beaucoup de temps à retravailler la notion de confiance, de respect, de prise d’initiative, de choix, d’autonomie pour me faire pardonner d’avoir voulu m’imposer par la force en lui accordant la place qu’elle méritait: Celle d’un membre de ma famille, celle d’un individu à part entière, et celle d’une amie.
Parce que les ami(e)s, on ne les traite pas de cette façon!

Au départ, j’ai voulu tester de nouvelles activités, refaire les choses autrement. J’avais de nouvelles clés, de nouvelles connaissances et j’ai voulu recommencer à en faire trop pour rattraper mes erreurs.
Et puis finalement.. J’ai tout stoppé. j’ai juste arrêté de bricoler. Je nous ai simplement laissé vivre.
La relation en priorité. La coopération. L’échange. C’est tout. La base!
On a trouvé un équilibre, on a eu une belle vie ensemble. Sans pression. Elle m’a suivie partout. Elle a été formidable.

Et je croise beaucoup de gens aujourd’hui qui sont dans cette situation. Des chiens anxieux, agressifs, émotionnellement instables, complétement survoltés. A vouloir en faire des tonnes, améliorer toujours plus, faire la course à l’apprentissage, vouloir se faire obéir toujours plus. Partant d’un bon sentiment.. pour leur bien.. sans conscientiser du mal être qu’ils sont peut être en train de créer.

Moralité: Parfois, vouloir trop en faire, vouloir un chien trop parfait, ne donne pas du tout le résultat imaginé. Surtout lorsque par inquiétude ou méconnaissance, on est influencé par une vision centré sur la peur de « la dérive ». Ce sont des êtres vivants, et oublier cela en pensant faire de la mécanique en modifiant un petit peu par-ci et en réparant un petit peu par là ne fonctionnera pas. Il faut penser le chien comme un individu et non comme une pâte à modeler.
Rien faire du tout et les laisser livré à eux même n’est pas la solution pour autant. Mais le juste milieu se trouve quelque part entre les 2. Inutile de se mettre la pression.

Mais on apprend de ses erreurs et on ne m’y reprendra pas 🙂


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