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Pourquoi les colliers de dressage sont rejetés par de nombreux professionnels canins

Il y a beaucoup de sujets qui font débat dans le monde de l’éducation du chien de compagnie dont l’utilisation des colliers de dressage. Mais pour quelle raison une partie de la profession refuse en bloc d’utiliser ces outils, au même titre que de nombreux propriétaires de chiens?

Avant toute chose, je vais vous lister rapidement les outils les plus utilisés:

  • Le collier étrangleur: autrement appelé collier chaînette ou collier sanitaire, qui n’est ni plus ni moins qu’un collier coulissant exerçant une pression (   plus ou moins appuyée) sur la trachée pour punir un comportement.
  • Le collier à pointes/à piques ou Torcatus: autrefois utilisé pointes en l’air pour la protection des chiens de troupeaux contre les loups, son utilisation a aujourd’hui été détournée pour être utilisé pointes contre le cou, pour inhiber certains comportements du chien.
  • Le collier électrique:  soit en collier de dressage soit en anti-aboiement,  le collier  prévient sous forme de bip et envoie une décharge électrique pour stopper un comportement.
  • Le Collier à la citronnelle ou à air comprimé: ces colliers ont pour objectif d’envoyer une décharge d’air ou de citronnelle pour paraître moins “violents” que les colliers électriques et mieux accepté par le grand public.

Ces outils sont coercitifs: Ils permettent de contraindre un individu de manière physique à faire quelque chose contre son gré.
Ils sont fait pour être répressifs et vont de pair avec une éducation basée sur la punition physique et émotionnelle.

colliers de dressage(1)

Dans cet article, il ne s’agit pas de porter un jugement sur ceux qui les utilisent, mais d’expliquer clairement la raison qui poussent une grande partie de la profession, de nombreux propriétaires de chiens et certains pays à refuser d’utiliser ce genre d’outils en tant que modèle d’éducation.

Les professionnels qui refusent d’utiliser ce genre d’outils ne le font pas sans connaissance  de l’utilisation de ceux-ci.  il ne s’agit pas de dire que pour bien les utiliser, il faut savoir s’en servir correctement…  ça c’est une évidence.  Mais il faut aussi savoir se servir de certains outils pour pouvoir connaître leur impact et refuser volontairement de les utiliser.
Malheureusement il ne faut pas croire que ces outils ne fonctionnent pas. Ils répondent parfaitement à ce pour quoi ils sont fabriqués.  La question est de savoir si éthiquement il est acceptable de les utiliser sur “notre ami/compagnon” canin, qui a bien du courage à supporter nos exigences et nos maltraitances, parfois involontaires.

(j’ai moi même utilisé certains de ces outils dans une autre vie, et on peut parfaitement être performant en les utilisant, pour ensuite refuser de les utiliser parce que l’on sait faire sans, en améliorant le bien être du chien qui apprend!)

C’est pour cela qu’il est important d’alerter les propriétaires sur les conséquences de leurs utilisations:

ILS INFLIGENT DOULEURS ET BLESSURES

Le cou du chien renferme des organes importants qui peuvent être endommagés par l’utilisation de collier de dressage et par la capacité de l’humain à les utiliser à répétition grâce à leur facilité d’utilisation sans prendre en compte leurs conséquences.

De nombreux problèmes peuvent être soulevés lorsque l’on utilise ce genre de collier:
Irritations, tensions, contusions,  blessures musculaires, brûlures, pression artérielle, problème respiratoire, problème de déglutition…

Je vous laisse prendre connaissance de l’anatomie du chien et des organes qui sont impactés par ces colliers,  via la brochure complète de FreeDogz “Ne vous êtes-vous jamais demandé ce qui se passe sous le collier?”

En plus de l’aspect physique, il ne faut pas oublier là où l’impact est le plus important: l’état émotionnel du chien, souvent moins facile à détecter. À punir à tort et à travers, à anticiper là où ça n’est pas nécessaire, et sans savoir exactement quelles seront les associations que le chien va faire lorsqu’il est réprimandé, nous provoquons des conséquences dramatiques sur son niveau de stress et son niveau de réactivité.

Les chiens peuvent faire des associations négatives qui n’étaient pas prévues et associer la gêne ou la douleur à quelque chose dans leur environnement. Un chien, un humain, un vélo, un enfant, etc… Et sans le vouloir on peut créer des peurs et augmenter leur niveau de stress, d’irritabilité, et d’agressivité.

ILS SONT INUTILES

Parce que, oui, la vrai raison est aussi là.
Ces outils ne sont absolument pas utiles, ils sont même contre-productifs, pour éduquer son chien ou résoudre un problème de comportement. Dans quelle mesure est-il alors justifié d’utiliser des outils potentiellement blessants alors qu’ils ne sont pas nécessaires.

Des chercheurs vétérinaires de l’Université de Pennsylvanie ont constaté que les propriétaires d’animaux qui ont utilisé des méthodes coercitives pour régler des problèmes comportementaux de leur chien ont pu aggraver le problème au lieu de le résoudre.
Cette nouvelle étude, publiée dans l’édition de février (2009) du Applied Animal Behaviour Science, a constaté que les propriétaires d’animaux qui utilisaient des méthodes punitives en fonction de leur chien recevaient des réponses plus agressives que ceux qui utilisaient des méthodes basées sur le renforcement positif.” Extrait de l’article Agressivité: nos responsabilités.

Dans une société où l’on se base systématiquement sur le curatif plutôt que sur le préventif, l’éducation canine n’est pas en reste… C’est donc en tout illogisme que l’on tente de résoudre le problème une fois qu’il est installé, plutôt que de chercher à l’éviter.

Mais là où la prévention n’a pas eu lieu et où le problème est déjà installé, il n’en reste pas moins que ces outils sont inappropriés pour résoudre des problématiques qui ont comme première composante la souffrance émotionnelle du chien.
Il est plus facile de résoudre un problème en effaçant les symptômes plutôt que de soigner le problème de fond.
Pourtant, comme en médecine ou dans d’autres domaines, c’est toujours un peu comme mettre un pansement sur une jambe de bois.

ILS SONT CONSIDÉRÉS COMME DE LA MALTRAITANCE

Certains de ces outils sont considérés comme de la maltraitance dans certains pays et sont donc interdits ou strictement réglementés comme au Danemark, en Australie, en Allemagne, en Suisse en Autriche, en Slovénie, en Angleterre,en Finlande, en Suède et depuis peu en Écosse.
La convention européenne pour la protection des animaux de compagnie, signée par la France,  y ajoute également un article dédié: “Article 7 – Dressage”

Aucun animal de compagnie ne doit être dressé d’une façon qui porte préjudice à sa santé et à son bien-être, notamment en le forçant à dépasser ses capacités ou sa force naturelle ou en utilisant des moyens artificiels qui provoquent des blessures ou d’inutiles douleurs, souffrances ou angoisses.

Certaines associations vétérinaires se sont également prononcées en leur défaveur:

Les scientifiques se sont aussi penchés sur la question.
A lire: “Collier électrique, à pointes… les études scientifiques.”

ILS ABÎMENT LA RELATION AVEC SON CHIEN

Avec tout ça, il est plus facile de comprendre que la relation qui unit l’animal à son humain ne peut pas être complètement saine dans ce contexte. Enseigner dans la crainte n’est pas une manière appropriée pour obtenir une bonne éducation.

Que pensez-vous des professeurs ou des gens autour de vous qui vous ont manqué de respect et qui vous ont brutalisé pour vous apprendre quelque chose que vous ne saviez pas, souvent en faisant comme si vous étiez déjà censé savoir.  Avez-vous une bonne relation avec ces gens-là?  les aimez-vous? Avez-vous envie de passer plus de temps avec eux ou de leur rendre service?
Pas sûr…

D’ACCORD MAIS QU’EST CE QU’ON FAIT A LA PLACE?

Pour certains problèmes, il existe d’autres alternatives à ce genre d’outils. Le harnachement du chien doit davantage être basé sur son confort et sur son bien-être que sur le contrôle qu’il procure. Même s’il est parfois nécessaire de garder  un minimum de contrôle pour apprendre au chien à devenir autonome quand la situation nécessite un apprentissage.

Le chien aboie,  il fugue,  il tire en laisse ?  La première question à se poser avant d’utiliser n’importe quel outil sera de savoir si les besoins fondamentaux de ce chien sont respectés… parce que s’il passe ses journées dans son jardin et qu’il n’a rien de mieux à faire,  il est tout à fait normal qu’il présente des comportements gênants, des signes d’anxiété ou qu’il cherche à compenser. Ensuite il s’agira de déterminer quelles sont ses difficultés, pour l’aider tout en éliminant les  comportements gênants .
( Voir pour exemple mon article “La marche en laisse quand on a tout essayé mais que rien ne fonctionne”.)

Je vous invite à suivre mon article sur les besoins du chien et à prendre un papier et un stylo et à vérifier que le compte y est!

Il est réactif/agressif? L’agressivité est un réflexe de défense lié à une émotion négative,  ajouter une source de stress supplémentaire n’aidera pas le chien à s’apaiser.
Bien sûr que ce comportement est gênant. Bien sûr que nous aimerions qu’il disparaisse mais ce n’est pas quelque chose qui “s’interdit”. On ne peut pas interdire une émotion, On ne peut que diminuer son expression..  Il vaut mieux donc chercher à apaiser l’émotion à l’origine de ce comportement.

On ne punit pas un chien parce qu’il souffre. On lui apprend à mieux communiquer son problème.
Quelques pratiques utilisées:

  • Lecture du comportement du chien
  • Félicitations
  • Harnais anti-traction
  • Longe (5,10, 20m)
  • Aménagements/occupations autonomes
  • Phytothérapiecolliers de dressage

Mais au-delà de ces outils qui ne sont que des aides complémentaires, la meilleure alternative qui existe est celle d’apprendre à connaître son chien, à savoir comment il apprend et comment il réfléchit pour l’aider à dépasser ses difficultés ou mieux se faire écouter sans avoir besoin d’utiliser la répression.

Il n’existe pas de méthode miracle pour éduquer son chien, quel que soit l’outil utilisé, il faut du temps, de la patience, de l’investissement mais surtout de l’empathie.

Certains diront que ce n’est pas l’outil qui est en cause mais  l’utilisation que l’humain en fait. Certes, mais ces outils n’ont pas été créés pour rien non plus… Cela reste le même débat pour tout outil répressif ou dangereux.  Doit-on supprimer l’outil pour en supprimer sa dangerosité potentielle…   Je laisse chacun trouver sa réponse à cette question!

Cet article à été écrit pour le MFEC.
Pour un savoir plus sur le mouvement francophone des éducateurs de chiens de compagnie, cliquez sur le logo.


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4 réflexions au sujet de “Pourquoi les colliers de dressage sont rejetés par de nombreux professionnels canins”

  1. D’accord avec tout ce qui est écrit ; néanmoins, l’une de mes chiennes bbs ayant manifesté envers mes chattes (présentes à la maison avant la chienne, elle-même arrivée à 7 semaines chez moi, et qui paraissait ignorer les chats jusqu’à ses 2 ans) d’abord de l’indifférence (sauf quand l’autre bbs JOUAIT avec les chats, avec lesquels elle s’entend très bien : là, la bbs réactive grondait et se ruait sur les chats qui se sauvaient bien sûr, et moi je disais « non, les chats tu laisses »), puis de l’hostilité probablement jalouse et maintenant elle les guette, cherche à s’en approcher et les agresse dès qu’elle les aperçoit, même derrière une vitre, ne paraissant plus entendre mon « non ! » même ferme fort et sec ; l’an dernier encore elle les coursait et ils se sauvaient et grimpaient, mais maintenant elle les approche furtivement et lentement, en s’aplatissant par terre, puis se déchaîne ! Jusque-là présente lors des agressions, j’ai dû chaque fois plaquer la chienne sourde à mes interdictions à terre puis la tirer et la pousser jusqu’à « sa place » (elle se met sur le dos, consciente au moins de mon mécontentement, mais de sa cause je ne suis pas certaine, quoique…
    La non-cohabitation est devenue d’autant plus source de tracas et bien sûr de failles de ma vigilance ou de celle de mes visiteurs, que les chattes, elles, ne sont pas habituées à cette hostilité au bout de tout ce temps, donc ne s’enfuient pas systématiquement !
    J’ai donc aujourd’hui le choix entre risquer l’accident qui laissera peut-être la chienne éborgnée et une chatte morte, donner cette chienne à une famille sans chats, ou tenter le collier électrique ou à air comprimé…
    Alors oui, cette bbs est craintive, parce que tardivement socialisée -pour cause de santé lorsqu’elle était chiot-, réactive pour cette raison et d’autres que j’ignore, oui elle est excessivement affectueuse et jalouse, et oui, il est possible que celle de mes chattes qu’elle déteste le plus lui ait flanqué un coup de griffe sans que je le voie lors d’une poursuite, et oui il existe des méthodes positives pour que les chiens laissent les chats tranquilles ; mais je vis seule avec mes animaux, la chienne dont je parle a bientôt 6 ans, et si j’ai réussi à la tranquilliser vis à vis des humains et même des chiens (de loin : à plus de 2,50 m !), concernant les chats, je ne suis parvenue à rien, sauf qu’elle arrive parfois à étrangler son grondement envers eux lorsqu’elle est en laisse,ou bien en me regardant, mais libre, c’est une horreur !!

    1. J’imagine bien votre difficulté aujourd’hui avec cette chienne et je compatis.
      Cependant je ne pense pas que les colliers électriques ou à air soient la seule solution restante.
      Je pense que l’approche de la cohabitation avec les chats par la punition n’a malheureusement pas aidé à apaiser cette chienne vis à vis des chats présents à la maison et j’aurais même tendance à penser que cela ai produit le contraire.
      Je ne peux malheureusement pas vous donner un quelconque conseil vis à vis de ce cas en ayant seulement lu quelques lignes qui ne me permettent pas de savoir concrètement ce qui se joue à la maison, mais je vous conseille vivement de vous faire accompagner par quelqu’un qui sera en mesure d’avoir une lecture juste de ce qui se passe entre votre chienne et les chats de la maison.
      A 6ans, malgré un long passif avec ces chats, c’est encore faisable dans bien des cas.
      mais pour cela, il faut être bien accompagné.
      je vous souhaite, en tout cas, bon courage dans cette épreuve.

  2. Bonjour,

    Mon chien obéit « très bien » en utilisant la méthode positive (à base de poulet cuit ^^) (lorsqu’il y a une biche, un lapin, je n’ai plus aucun contrôle sur le chien mais je veux bien l’admettre, ca reste un chien).
    Aussi, tout allait très bien depuis plusieurs mois et il obéissait de mieux en mieux. Mais parfois, il se met à courir comme un fou et on le perd pendant une heure. Il semblerait qu’il se sauve durant la balade pour aller dans la cité et je pense finir les poubelles. Le problème est qu’il doit traverser une route et il a des risques de se faire écraser..

    Ma femme et moi nous trouvons désarmés. Le problème n’est pas l’obéissance car il obéit plutôt bien. Mais il a comportement de chien primitif. A la base, c’est un chien de rue que nous avons récupéré de Russie car il devait être tué. Nous le baladons au minimum 1h30 par jour. Je pense qu’il fait donc assez d’exercice. Aussi, il n’obéit pas sous la contrainte. Si l’on hausse le ton, il se sauve. C’est comme si c’était un partenariat plus qu’un rapport Maitre/ chien. Il ne supporte pas l’autorité et s’il y a un truc plus interessant que nous, en une seconde nous n’existons plus.
    Bref.. nous savons plus quoi faire et c’est un chien qui a besoin de se dépenser.. Donc je pense que ça serait pire de le tenir en laisse en permanence. Et nous voyons les limites de la méthode positive et ce chien ne supporte pas l’autorité.. Que faire??

    1. Bonjour Romain,
      Premièrement, j’aimerais attirer votre attention sur le fait que ce que l’on appelle « méthode positive » n’est pas exclusivement un méthode à base de friandises. C’est plus complet et complexe que ça.
      Donner des récompenses alimentaires en échange d’un bon comportement peut être utile et bénéfique pour apprendre certains comportements, mais n’est pas la réponse systématique à tout problème de comportement/d’écoute/d’obéissance/d’apprentissage. 😉

      Si votre chien part faire les poubelles, il se peut effectivement que ce soit un rebond de sa vie de chien errant et autonome passé en Russie si c’était son cas… Ou pas.
      Cela peut également être dû à une mauvaise alimentation/assimilation de sa nourriture d’aujourd’hui, qui le pousse à reprendre de vieilles habitudes… ou encore d’autres raisons possibles.
      Pour le savoir, il faudrait beaucoup plus d’informations sur sa vie passé et actuelle. Et s’assurer que c’est bien pour une raison de poubelles qu’il va se balader. (les besoins et les explications seront différentes s’il cherche ses congénères, des humains, du gibier etc…)

      Ensuite, 1h30 de balade par jour peut ne pas être suffisant dans le sens où la quantité n’égale pas la quantité. Certains chiens ont besoin de + d’activité mentale que physique et faire 3h de promenade sans offrir d’activité cognitive stimulante s’avérerait tout aussi inutile.

      Mais en attendant, le compromis entre laisse et total liberté, vous pouvez utiliser une longe de 10m qui vous permettra de lui donner une certaine liberté de mouvement tout en vous assurant de ne pas le perdre à la moindre occasion.

      Mais pour vous aider plus concrètement , il vous faudrait un accompagnement plus individuel avec un professionnel de votre région.

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