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Entrainements et enrichissements pour les animaux exotiques en captivité – Bioparc/Zoo Academie (Canada)

Me voilà de retour en France après plusieurs semaines au Canada, en formation d’entraineur animalier avec la Team Jacinthe Bouchard, et j’ai pensé vous faire partager un petit bout de ce que j’ai appris si ça vous tente.

En plus d’avoir vécu dans un cadre absolument magnifique bordé par le Saint Laurent (mais un petit peu trop fourni en maringouins! ^^ ), nous avons observé et entrainé des animaux sauvages et domestiques durant ces semaines. Nous avons cotoyé entre autres: Loups, Coyotes, Pumas, Lynx, Loutres, Phoques, Ours, Ratons Laveurs, Renards, Poules, Cochons, Corbeaux,  Chevaux…

Je précise que dans ce billet, il n’est pas question pour moi de donner mon opinion ou d’ouvrir le débat sur l’utilité et la justification de la détention d’animaux sauvages en milieu captif, mais simplement de porter mon interet et mes reflexions de façon à améliorer au mieux et au plus objectif le quotidien de ceux qui le sont déjà 🙂
Aménagement et enrichissement environnemental
Une des choses qui semble primordial pour tout un chacun est l’aménagement de l’enclos/parc permettant de « reconstituer » l’habitat plus ou moins naturel de l’animal. Mais au delà de l’aspect uniquement visuel (trop souvent fait pour etre agréable surtout à l’oeil du touriste), c’est surtout la reflexion sur l’occupation de l’espace dans l’habitat qui est importante. Certaines espèces ont besoin de grimper, de nager, de se cacher…
Roches, Troncs surelevés, arbustes, mini-fôret, etc, peuvent être utilisé pour reconstituer un terrain vallonné et plus attrayant à explorer.
Et plus l’individu pourra produire des comportements naturels et sera à l’aise dans son environnement, plus son niveau de bien être sera elevé.
Les loutres grignotant leurs poissons dans leur habitat

Malgré tout, l’habitat ne fait pas tout parce qu’il est très restreint comparé aux besoins d’animaux parcourant parfois des dizaines voir centaines de kilometres à la journée, et l’ennui peut vite les gagner dérivant ensuite bien souvent vers des comportements de mal être beaucoup plus important (comme la stéréotypie).

Certains comportements ont donc besoin d’être stimulés, comme par exemple la prédation (ou la recherche de nourriture), et pour cela, on peut mettre en place beaucoup d’idées astucieuses leur permettant de conserver cet instinct de chasse et passer du temps à s’occuper.

Bioparc - pinatas de viandes et poissons pour les pumas

Bioparc - Le ballon de foot est au Lynx ce que la pelote de laine est au chaton! ça c'est du gros chaton!

Stimulations mentales par l’entrainement
Un entrainement court mais régulier est également une manière supplémentaire d’occuper mentalement les animaux en captivité.
L’entrainement au sifflet/clicker en renforcement positif leur offre une opportunité d’analyse, de reflexion, de recherche de stratégies pour parvenir à un objectif.
Cependant, de mon point de vue, l’entrainement doit rester un enrichissement accès sur l’interet de animal, où la performance rapide et la pression à l’execution ne devrait pas avoir sa place (comme dans certains  spectacles – le touriste ayant payé son billet, il doit imperativement voir ce pour quoi il est venu)… il existe aujourd’hui d’autres moyens d’interesser le public, sans en passer par ce type d’alternative.
Entrainer quoi, dans quel but?
Et voilà la partie qui m’interesse le plus et que j’ai eu la chance de pratiquer, l’entraineur alliant l’utile pour l’humain, et surtout l’agréable pour l’animal:
L’entrainement aux soins biomédicaux est d’une importance capitale: Apprendre aux animaux à entrer volontairement en cage de contention, la tolérance aux manipulations, à accepter volontairement une prise de sang ou une injection, montrer ses dents sur demande… Beaucoup de rigueur d’entrainement et d’ingéniosité permettant d’éviter au maximum les anesthésies (qui ne sont jamais anodines – sans parler de leur cout financier),  les contentions stressantes et checker plus facilement l’état de santé de chacun.
Desensibiliser certains animaux anxieux à la vue du public: Sachant que ces animaux vont devoir etre confronté au public le restant de leurs jours et qu’il est difficilement acceptable pour un parc d’avoir des enclos pour animaux invisibles, il devient urgent de faire en sorte que le niveau de stress de l’animal ne creve pas systématiquement le plafond à chaque passage d’être humain (pauvre de lui…), plutôt que d’opter pour la suppression de cachettes et un environnement minimaliste pour conserver sa visibilité au public.
On travaille donc sur la desensibilisation à la présence et aux mouvements en même temps que sur l’entrainement aux targets de position. (chacun une place définie dans l’enclos)
Entrainement de comportements ludiques: Une fois que l’animal connait beaucoup de comportements utiles lui permettant d’eviter un stress quotidien, rien n’empeche de lui apprendre des comportements ludiques, sans grande conséquence et lui permettre de conserver une stimulation régulière.

ex: apprendre au phoque à tourner sur lui même, au raton à faire un « give me five » ou à un lynx à monter sur sa buche pour donner un attrait aux visiteurs qui auront l’occasion de les voir faire… ça les occupe et certains comportements entrainés peuvent aussi servir à sensibiliser les visiteurs! Une loutre qui fait du recyclage en jetant une bouteille plastique à la poubelle.. j’vous jure que c’est fun ! 🙂

Desensibilisation des loups à la presence humaine
Impressions
La chose la plus importante à retenir de l’entrainement en parc zoologique, c’est le ratio et le timing! Et c’est là que l’on prend vraiment conscience de la souplesse et de la tolérance de nos chiens de compagnie lorsqu’on les entraine. C’est beaucoup moins drôle de voir un Lynx ou un puma mécontent parce que le siffle qui amène sa boulette de viande n’arrive pas assez vite, même derrière un grillage, que de voir un chien piétiner un peu sur place, chiens qui pour la plupart, sont déjà bien content de faire quelque chose avec nous.. qu’on soit cohérent ou non dans ce qu’on demande 😉
L’animal exotique lui de l’humain, il s’en câlisse :p (pardon, c’est vulgaire.. mais petit clin d’oeil à notre séjour québécois ^^ )

Cela dit, j’ai rencontré beaucoup de chiens dont la tolérance à l’humain était quelque peu identique aux animaux du zoo… Tout va donc dépendre de l’interêt de l’individu à une quelconque coopération avec l’humain. L’entraineur a donc toujours interêt à s’adapter et à être le plus performant possible, quelque soit l’espèce et l’individu. C’est SA responsabilité!

Bref, c’était très enrichissant! Et j’espère bien pouvoir continuer à m’entrainer et aider d’autres animaux!

J’en profite également pour dire un merci tout particulier à mon ami Nicolas Tessier (C’est plus canin) pour m’avoir offert cette magnifique opportunité, qui sans lui, ne se serait peut etre jamais présentée.
Merci pour sa patience et sa pédagogie 😉
Un grand merci à Sasha Goldman de Dog Faculty pour ses photos!
et un petit clin d’oeil à notre équipe de choc:
Jeremy Serindat Du Domaine des Danubes,
Clément Dupont de Clem’Educ,
Cyrielle Fournel Elevage De rêves et d’Etoiles ,
Isis Martinez De La patte à la main,
Angélique Sintic Elevage des Bergers D’Eden,
Marion Abeille de meute Citadine,
Margaux/Abdel de Primitif addict
et à nos petits quebécois préférés 🙂

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